De la quête d’un entre-soi sécurisé à la propension des plus privilégiés à faire sécession (Le Goix, 2001, 2006), du désir d’un espace à soi à la volonté de privatisation des sites privilégés (Smithsimon, 2010), du spectre d’une ville fragmentée au cauchemar du pire des mondes possibles (Fullilove, 2005), la diffusion des enclaves résidentielles privées et fermées apparaît souvent comme une présence sombre planant sur l’avenir des villes et leur capacité à faire société (Low, 2003 ; Charmes, 2005). Les gated communities inscriraient, dans la matérialité du territoire, les contours d’une socialité postmoderne métissant individualisme et désir d’être avec d’autres soi-mêmes.
Or, en dépit de ces critiques, ce “produit immobilier générique” (Bagaeen, Uduku, 2010) ne cesse de trouver des clients qui, outre une sécurisation de leur cadre de vie, y cherchent une incarnation idéalisée et contractualisée de la vie communautaire. Et s’ils apparaissaient, il y a une quinzaine d’années, comme un travers strictement états-unien force est de constater que les modèles architecturaux et urbanisitiques clos sont désormais en circulation en Europe, tout en y étant adaptés aux caractéristiques locales (Paquot, 2009).
Ce colloque souhaite participer à une meilleure compréhension de ces espaces résidentiels privés et fermés autour de trois axes thématiques :
Logiques d’action et systèmes d’acteurs. Ce premier axe souhaite documenter les contextes dans lesquels se déploient les stratégies à l’origine de ces formes spatiales. On cherchera à mieux comprendre, par l’intermédiaire d’études de cas, la genèse des espaces résidentiels privés et fermés en se concentrant sur les différents arbitrages opérés par les acteurs tant privés que publics qui ont permis leur implantation. On tentera également d’identifier les outils à disposition des producteurs de la ville pour structurer ces espaces. On cherchera à expliciter la manière dont les opérateurs du territoire concilient les aspirations d’une population désireuse de s’installer dans ce type de quartier avec la nécessité de faire société.
Diffusion d’un type architectural et urbanistique. Ce deuxième axe regroupe des contributions dont le projet est de discuter, d’une part, de la circulation d’un modèle architectural générique, mais aussi de son hybridation dans des contextes particuliers. On portera ici un souci particulier aux formes locales prises par ce modèle générique, tout en cherchant à clarifier les processus qui ont conduit à ces formes hybrides. Les approches pourront être morphologiques, mais aussi sémiologiques ou encore compréhensives. Des communications clarifiant les origines économiques de telles hybridations sont aussi attendues. Des contributions pourront également emprunter les chemins de l’histoire pour montrer en quoi ce spatiotype s’inscrit dans un certain rapport à la nature, à la faible densité…
L’entre-soi. Ce dernier axe souhaite thématiser ces espaces dans leur quotidienneté. Les contributions s’inscrivant dans cet axe chercheront à discuter la question de savoir en quoi ces espaces constituent le réceptacle de formes spécifiques de sociabilités. On s’intéressera encore aux façons de vivre qui ont cours dans ces espaces, aux projets collectifs qui s’y développent ou encore des façons d’y faire société. On montrera en quoi ces lieux sont (ou ne sont pas) des espaces d’exercice d’un entre-soi exclusif, en quoi consiste leur dimension communautaire ; en quoi ils sont (ou ne sont pas) des lieux d’exercice d’un collectivisme paradoxal. Les projets et aspirations résidentiels des habitants de ces territoires seront également un terrain d’investigation possible.
Fondation Braillard Architectes, Genève. Fondée en 1987, la Fondation Braillard Architectes (FBA) est active dans les domaines de la recherche en études urbaines et sciences de la ville, de la valorisation et de la conservation du patrimoine architectural du XXe siècle et la promotion de l’architecture et de l’urbanisme.
Chaire Globalisation, urbanisme et gouvernance de l’Institut des sciences de l’environnement de l’Université de Genève. L’Institut des sciences de l’environnement a pour vocation l’enseignement et la recherche interdisciplinaires dans divers domaines de l’environnement notamment l’urbanisme et la gouvernance.
Observatoire de la ville et du développement durable de l’Université de Lausanne. L’Observatoire universitaire de la ville et du développement durable développe des recherches portant sur la théorie urbaine, l’analyse des régimes urbains et l’urbanisme de projet.
hepia – Haute école du paysage, d’ingénierie et d’architecture de Genève. hepia transmet des savoirs et des compétences spécifiques aux divers métiers techniques, avec un accent particulier sur la gestion et l’économie des ressources.
8 h 30 – 9 h 00 : Accueil des communicants – Fondation Braillard Architectes (rue Saint-Léger 16)
9 h 10 – 9 h 30 : Ouverture du colloque – Institut national genevois (promenade du Pin 1), salle A
9 h 30 – 11 h 00 : Session 1.A (salle A) : acteurs et production
Elisabeth Dorier – Université de Provence, Isabelle Berry-Chikahoui, Université de Montpellier 3 et Sébastien Bridier – Université de Provence
Les territoires de la fermeture résidentielle : diffusion et complexité. Exemple ou laboratoire marseillais ?
Gérald Billard – Université du Maine
La perméabilité des résidences fermées en France : la fermeture résidentielle au défi des pratiques quotidiennes habitantes.
François Madoré – Université de Nantes
Pratiques et discours de la promotion immobilière en France : comment et pourquoi construire des ensembles résidentiels fermés ?
9 h 30 – 11 h 00 : Session 1. B (salle B) : rapport au politique
Maria Zotova – Académie des sciences de Russie
Urban residential segregations: approach of the social, and economic causes and consequences of the gated communities in Russia.
Mathieu Perrin – Institut d’urbanisme de Grenoble
Démocratisation & fragmentation : la Cité et l’habiter
David Gaillard – Fondation Braillard Architectes
Vauban, écoquartier ou communauté fermée ? Entre contrôle morale et hybridation de la norme écologique.
11 h 00 – 11 h 20 : PAUSE
11 h 20 – 13 h 00 : Session 2.A (salle A) : aspirations résidentielles et entre-soi
Christian Dessouroux – Université libre de Bruxelles
Logiques géographiques de l’implantation d’ensembles résidentiels fermés à Bruxelles depuis 1990.
Guy Tapie & Caroline Mazel – École nationale supérieure d’architecture et de paysage de Bordeaux
La résidence sécurisée, l’expansion des accédants à la sécurité.
Evelyne André – Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Le modèle Sun City à la française fait-il recette ?
11 h 20 – 13 h 00 : Session 2.B (salle B) : morphologies
Céline Loudier-Malgouyres – Institut d’aménagement et d’urbanisme d’Île-de-France
Les ensembles d’habitat individuel fermés en Ile-de-France. Des morphologies surprenantes, à l’encontre des images suppossées.
Patrice Ballester – Université de Toulouse
Le complexe immobilier Diagonal Mar à Barcelone (1994-2010) : the eyes wide shut ? Ou comment cacher par des artifices paysagers l’implantation d’une communauté fermée.
Fanny Vuaillat – Université de Nantes
Les processus de fermeture des rues publiques ou privées : entre communautés d’intérêts et conflits. Regards croisés Nantes (France) / Recife (Brésil).
13 h 00 – 14 h 20 : PAUSE
14 h 30 – 16 h 40 : Session 3.A (salle A) : vu d’ailleurs : sécurisation et fragmentation
Viviana Riwilis – Université de Montréal
La quintessence d’une ville privée. Le cas de Nordelta dans l’agglomération de Buenos Aires.
Cecilia de la Mora – Université du Québec à Montréal et Viviana Riwilis – Université de Montréal
Figures de la ville mosaïque. Une approche comparative de quatre pays : Argentine, Brésil, Afrique du sud et Inde.
Magdalena Górczynska – Académie polonaise des sciences
Gated communities: sense of security versus spatial order.
Patrick Le Guirriec – Université de Tours
Les condominios brésiliens: des territoires sans peuple ?
Guénola Capron – Universidad Autónoma Metropolitana, Azcapotzalco Enfermement résidentiel, peurs et sentiment d’insécurité urbaine des habitants dans les grandes métropoles latino-américaines.
14 h 30 – 16 h 40 : Session 3.B (salle B) : hybridation
Bénédicte Auvray – Université du Havre
Hybridation touristique des structures résidentielles fermées : du resort à l’île privée.
Maira Machado-Martins – Institut français d’urbanisme de l’Université de Paris-Est
Les copropriétés populaires à Rio de Janeiro (Brésil) : un nouveau modèle d’habitat spontané ?
Bénédicte Florin – Université de Tours
Les compounds du Caire, des espaces extra-territoriaux ? Dimensions urbanistiques et idéologiques d’une nouvelle forme urbaine.
Mathieu Alaime – Université de Tours
La région d’Aqaba en Jordanie : de la gouvernance extraterritoriale au processus d’ex-territorialisation communautaire.
16 h 40 – 17 h 00 : Conférence de clôture (salle A)