Autour d’une question qui est celle de l’ensevelissement des morts et de la gestion de l’espace que les municipalités réservent à cet effet, cet article s’attache à une analyse critique des techniques de gouvernement du collectif politique des citoyens mis en œuvre par les pouvoirs publiques. Plus globalement, cet article montre comment, à partir d’une sphère qui est celle des pratiques funéraires (à savoir l’ensemble des pratiques sociales—rituels, corpus de lois, etc.—entourant la mort), il est possible de construire une lecture critique des rapports sociaux qui structurent la production de l’espace des sociétés. Les auteurs mobilisent un appareillage conceptuel qui est celui de la critical legal geography pour analyser une controverse liée à l’aménagement d’un carré confessionnel dans le cimetière du Bois-de-Vaux à Lausanne (Suisse). Leur attention se focalise sur les mécanismes permettant à des techniciens de la nomosphère de convoquer, dans l’espace public, un sous-groupe du collectif des citoyens et montre l’aménagement des cimetières comme un moyen de gouvernement des êtres, une modalité de mobilisation des corps et de gestion paradoxale des flux.